Les nouvelles technologies viennent souvent avec leur lot d’inquiétudes.
Certains s’interrogent sur la capacité de la France à fournir assez d’électricité lorsque la voiture électrique aura pris une place importante dans les ventes de voitures.
Tout d’abord, quels chiffres sur la production et la consommation d’électricité en France ces dernières années ?D’après RTE (gestionnaire du réseau de distribution d’électricité en France) 2023 a vu la consommation chuter de 3,2% par rapport à 2022 qui était déjà en baisse. La consommation s’est établie à 445 Tera Wattheure (TWh) en 2022 (soit 445 milliards de kWh) ce qui représente une baisse moyenne d’environ 6,9% par apport à la période 2014-2019.
1-Une moindre consommation de l’industrie
2-L’augmentation des températures
3-Les comportements individuels
Détails de la production d’électricité en France en 2023 :
en TWh. %
Nucléaire 320 65,0
Hydro électricité 59 12,0
Eolien 51 10,3
Solaire 21,5 4,4
Thermique (fossile) 32,6 6,7
Autres 9 1,6
Total 493 100,0
Alors que la France avait importé 16,5 TWh en 2022, elle aura exporté 50 TWh en 2023. Ceci principalement grâce à l’augmentation de la production d’énergie nucléaire. En effet, un nombre anormalement élevé de centrales étaient en maintenance en 2022 suite à des problèmes de corrosion. En termes de coûts cela aura permis de réduire la facture énergétique de 4 Milliards d’euros en 2023.
Le parc automobiles en France est de l’ordre de 38 millions de véhicules. Si nous excluons les 6,4 millions de véhicules utilitaires et environ 600.000 Poids-Lourds nous obtenons 31 millions de véhicules particuliers. En moyenne ces derniers parcourent 14.000 kms/an. Sur ces 31 millions de voitures 882.000 sont 100% électriques et environ 500.000 sont des véhicules hybrides rechargeables.
Les véhicules hybrides rechargeables ayant des petites batteries nous les considérerons négligeables dans les calculs qui suivent.
Prenons par hypothèse que les véhicules électriques parcourent en moyenne 14.000 kms/an. Ce qui est en réalité probablement moins, car bon nombre de véhicules électriques sont purement urbain. Sachant que leur consommation moyenne est de l’ordre de 20 kWh au 100 Kms, ils auront consommé :
882.000 x 14.000 x 20/100 = 2,469 600 000 kWh, soit 2,5 TERA Wattheure
Rapporté à la consommation totale d’électricité cela fait : 2,5 TWh / 445 TWh soit 0,56% ce qui est négligeable.
Projetons nous dans 10 ans avec l’hypothèse qu’il y ait 10 fois plus de voitures électriques en circulation. Soit 8,8 millions de voitures, ce qui est volontariste, car cela supposerait qu’environ 40% des ventes de voitures en moyenne soient des voiture 100% électriques. Leur consommation d’électricité représenterait 5,6 % de la consommation totale du pays si leurs propriétaires parcourent le même kilométrage qu’avec une voiture à moteur thermique.
Autre hypothèse : 100% des voitures sont électriques (peu probable avant avant 2045); leur consommation représenterait près de 19,5% de la consommation totale du pays (31 millions de voitures consommant 20 kWh au 100kms et parcourant 14.000 kms/an; soit 86,8 TWh. Rapporté à 445 TWh.
Donc cela suppose que la production d’électricité augmente d’environ 20% en….20 ans. Soit une augmentation de 1% de plus par an.
Renault sortira en Septembre sa nouvelle R5 électrique avec sa technologie V2G.
V2G veut dire « vehicle to grid » en d’autres termes la possibilité de renvoyer de l’électricité dans le réseau à une puissance de 5kW environ.
Les voitures électriques sont majoritairement dotées de batteries ayant une charge totale allant de 40 à 80 kWh.
Or la majorité des voitures ne roulent pas entre 19h et 6h du matin donc l’énergie stockée dans les batteries est disponible, au moins en partie. Cela pourra permettre de programmer de renvoyer de l’électricité dans le réseau à un moment où la consommation est élevée et de la récupérer après 23h (heure à laquelle la consommation est faible) et ceci sans surcoût pour le propriétaire du véhicule.
Prenons l’hypothèse qu’en 2045: 100% du parc est électrique, c’est-à-dire 31 millions de voitures et que 50% ces voitures sont équipées d’un système V2G et renvoient de l’électricité dans le réseau. Ainsi 15,5 millions de voitures ré-injectent chacune 5kWh pendant 4 heures (de 19h à 23h), puis les récupèrent de 23h à 3h du matin.
Cela permettrait de soulager le système au moment où la consommation est la plus forte et cela est particulièrement vrai en hiver.
Quel impact d’un système type V2G ?
15,5 millions de voitures qui renvoient 5kW pendant 4 heures produisent l’équivalent de:
15,5 millions x 5kW = 77,5 GWh pendant 4 heures donc 310 GWh (310 millions de kWh). Cela équivaut à la consommation de 25 millions de foyers (données EDF).
Donc dans les périodes où il y a peu d’énergie éolienne et pas d’énergie solaire: les voitures électriques permettront de réaliser des économies sur l’électricité produite.
Les voitures à moteur thermique (essence ou diesel) consomment en moyenne 7 litres de carburant aux 100kms.
La consommation de carburant pour 30 millions de voitures parcourant 14.000 kms/an est donc de :
30.000.000 x 14.000 x 7/100 = 29,4 milliards de litres de carburant.
Traduit en émission de CO2 sachant que 100 grammes de CO2 sont émis par kms, nous arrivons à une émission de CO2 de 42.000.000 tonnes.
D’un point de vue financier: l’essence comme le gazole, c’est en grande partie des taxes. En effet, pour 1 litre de gazole à 1,8€/litre : 0,90 € sont des taxes , 0,20 € des coûts de distribution et les 0,70 € restants sont le coût d’un litre de carburant.
Donc en matière de balance commerciale : la France ne produit pas de pétrole elle achète donc 29 milliards de litres à 0,70 €/l soit 20 milliards d’euros qui pourraient être économisés ! Et en revanche elle produit de l’électricité. D’où un gain non négligeable est réalisable.
Le déficit commercial de la France oscillant autour de 100 milliards d’Euros, cela représenterait une réduction de ce déficit de 20%.
De plus, importer du pétrole n’a jamais créé beaucoup d’emplois.
Premièrement, Il faut prendre en compte l’acheminement par pétrolier. 29 milliards de litres = 26 milliards de kgs (densité de 0,9) soit 26 millions de tonnes à transporter. Ce qui représente 260 supertankers de 100,000 tonnes. En moyenne ce genre de bateau consomme environ 250 tonnes de carburant par jour. En prenant l’hypothèse qu’ils parcourent 5000 kms en 6 jours pour acheminer le pétrole dans les ports français, cela équivaut à une consommation de 1500 tonnes par bateau. Donc 260 supertankers consomment 390.000 tonnes de fuel. (Environ 390 millions de litres) . Puis pour acheminer le pétrole par transport routier environ 850.000 camions citernes transportant 30.000 litres chacun. Prenons l’hypothèse que ces camions parcourent en moyenne 500 kms pour acheminer le pétrole dans les raffineries et des raffineries aux stations essence ce qui est probablement conservateur, cela donne une consommation de carburant de 170 millions de litres de gazole (Un camion consomme 40L/100kms). Bref, on arrive à 560 millions de litres de carburant pour transporter tout ce pétrole.
En prenant l’hypothèse que la consommation d’1 litre de carburant émet 2 Kgs de CO2 nous arrivons à une émission de CO2 dans l’atmosphère de 560.000.000 x 2 = 1.20.200.000 kgs soient 1.120.000 tonnes.
Calcul qui reste certes très approximatif mais qui a le mérite de donner une idée sur l’ampleur de l’impact écologique.
Puis, nous devons considérer en plus l’économie de CO2 réalisé du fait que les voitures électriques n’émettent pas du tout de CO2 ; soit les 42 millions de tonnes de CO2 (supra)
Alors, la voiture électrique : source de problèmes ou solution écologique ?
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