Chiffres clés
Source : XXXX

Explications sur le fonctionnement des marchés financiers par rapport à la politique

 

Dissolution et les premiers effets :

Le lendemain de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale les marchés financiers ont réagit face à l’incertitude crée par cette annonce du président de la République.

Incertitude car le résultat des élections européennes, mettait le parti de la majorité avec 14% des suffrages ; en nette minorité par rapport aux partis de l’extrême droite et pas beaucoup mieux que l’extrême gauche.

 

Incertitude et Marchés Financiers :

Tout d’abord, qui sont ces marchés financiers ?

Ce sont des acteurs en majorité privés, c’est-à-dire des banques, des compagnies d’assurance, des fonds de pension qui gèrent une partie des placements des retraites comme par exemple le fond américain BLACKROCK qui gère 10.000 milliards de dollars. Il y a aussi les fonds souverains (fonds d’état), comme  le fond souverain de la Norvège, qui gère environ 1.500 milliards d’euros pour les retraites, etc. Bref, ces acteurs internationaux placent de l’argent en actions, et aussi en obligations d’Etat pour rémunérer leurs investisseurs (des personnes physiques qui leur ont confié leur argent). Ces acteurs internationaux détiennent environ 50% de la dette Française soit aux alentours de 1.500 milliards et c’est là le problème (la dette de la France atteint 3.100 milliards d’euros).

Tension sur les taux d’intérêt après la dissolution.

La dissolution de l’Assemblée nationale crée de l’incertitude sur la situation économique de la France, en clair, sa capacité à rembourser sa dette. Les investisseurs se montrent plus frileux pour prêter de l’argent à l’Etat français le taux de référence a augmenté de 0,3 point (0,3%) au lendemain des élections européennes pour atteindre 3,2%. Ce taux d’intérêt des obligations du Trésor (le taux de référence) obligations constitutives de la dette sont déterminés par les marchés financiers.

Comme l’État Français emprunte chaque année environ 250 milliards d’euros  pour rembourser une partie de sa dette cela représente un  surcoût immédiat de 750 millions d’euros. Jusque-là :  pas de problème.

Le budget de l’Etat est en déficit depuis près de 50 ans (154 milliards d’euros en 2023) donc la dette augmente en permanence ce qui nécessite d’en rembourser une partie toujours un peu plus grande chaque année.

Nous observons que les marchés financiers (ceux qui prêtent de l’argent à la France) ont indiqué une méfiance que l’on peut mesurer avec la hausse immédiate des taux au lendemain de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale. Mais ce n’est pas tout, si les élections législatives amenaient au pouvoir un gouvernement ayant un programme de dépenses en augmentation par rapport à aujourd’hui le taux pourrait encore monter…

Quels programmes économiques des principaux partis ?

Les chiffrages des programmes économiques ont été estimés par différents économistes. A prendre avec des pincettes, mais cela permet quand même de donner des ordres de grandeur. Dans ce genre d’exercice nous pouvons avoir une assez bonne idée des dépenses. Ce qui est généralement l’objet de contestations est celui des recettes puisqu’elles sont toujours surestimées par tous les hommes politiques, quel que soit leur appartenance.

Le programme de la majorité présidentielle se traduirait aujourd’hui par une hausse du déficit annuel de 17 milliards d’euros . Celui du Rassemblement National serait de l’ordre de 50 milliards, et est revu régulièrement à la baisse. Celui du Nouveau Front Populaire serait de 150 Milliards d’euros par an.  Précisons que pour les  partis  R.N et Nouveau Front Populaire cela inclue déjà des hausses d’impôt afin de financer leurs nouvelles dépenses.

Mobilités des capitaux et Taux d’intérêt : 

Contrairement aux personnes physiques, les capitaux ne connaissent pas de frontières.

Les marchés financiers placent l’argent là où le rapport est le plus favorable en fonction des risques qu’ils évaluent. Aujourd’hui les marchés financiers n’intègrent pas une accession au pouvoir du Nouveau Front Populaire. L’accession du Nouveau Front Populaire serait qualifiée de désastreux par les marchés financiers. On estime à 3% la hausse des taux d’intérêt qui en suivrait. La France emprunterait donc à plus de 6% ce qui augmenterait le coût de la dette de 7,5 milliards d’euros la première année pour atteindre environ 62 milliards en 2024. Les crédits immobiliers seraient en hausse pour atteindre environ 8% ; Idem pour les crédits aux entreprises qui augmenteraient et entrainerait une contraction de l’activité économique, qui aurait pour conséquence une augmentation du chômage et une dégradation supplémentaire des comptes publiques.

Les marchés financiers font donc de la politique ?

Pas vraiment. En revanche ils évaluent les risques financiers liés aux programmes politiques et réagissent en conséquence.

Prenons par exemple l’impact de la mesure de la hausse du SMIC à 1600 € net, qui est tout à fait louable mais représente une hausse de salaire de 14% par rapport à aujourd’hui. En moyenne les PME françaises ont un résultat de 3% (certaines plus, certaines moins). La part des salaires représente environ 35% des coûts des entreprises (dans certains secteurs d’activité beaucoup plus). Nous pouvons ainsi en déduire que l’impact sur leur résultat serait environ de : 14% x 35% soit : 4,2%

Deux cas de figure :

– Soit ces entreprises n’ont pas de concurrents internationaux et elles pourraient répercuter en partie cette hausse dans leur prix de vente (en espérant que les consommateurs continuent d’acheter leurs produits). D’où une augmentation des prix pour les consommateurs, le redémarrage de l’inflation avec de nouveau une pression sur les salaires.

– Soit ces entreprises sont en concurrence avec des entreprises étrangères, dans ce cas  difficile d’augmenter les prix et ce qui les mettrait en perte les conséquences : licencier , voire arrêter leur activité. Soit hausse du chômage et un impact négatif  sur la croissance économique.

Moins de croissance = Moins de pouvoir d’achat.

En conclusion, dans une économie ouverte: augmenter les salaires de façon arbitraire si cela ne correspond pas à de la création de richesse ne fonctionne pas (ça peut marcher en Corée du Nord, car c’est une économie fermée).

« Procédure déficit excessif » :

Comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, la Commission Européenne vient d’ouvrir ce 19 juin une « procédure de déficit excessif » pour 7 pays de l’Union Européenne dont la France (5,4% de déficit sur PIB en 2023). Cette procédure oblige les États concernés à proposer un plan d’actions visant à réduire leur déficit, sous peine d’une amende. Cela fait suite aux récentes dégradations de la note de la France par les agences de notation qui évaluent la capacité des pays à rembourser leur dette.https://www.publicsenat.fr/actualites/economie/deficit-epinglee-par-lunion-europeenne-la-france-risque-une-sanction-de-25-milliards-deuros-par-an

Science-fiction ou réalité ? La France en 1981 – La crise grecque de 2009.

L’histoire nous donne des exemples des scénarios possibles lorsque les politiques prennent des décisions qui vont à l’encontre des mécanismes économiques.

– France 1981 : Le nouveau président de la République, François Mitterrand, met en œuvre son programme  qui inclut une revalorisation du SMIC, la 5ème semaine de congés payés, la retraite à 60 ans, ainsi que d’autres mesures sociales ayant pour but d’améliorer la vie des Français. Seulement ces mesures creusent les déficits et obligent le gouvernement à dévaluer le Franc en octobre 1981 et juin 1982 de 3% et 5,75% respectivement, alors que l’Allemagne réévaluera sa monnaie de 5,5% et 4,25% respectivement. Conséquence: Un plan de rigueur sera appliqué dès 1983 pour redresser les comptes publics.

– Crise grecque de 2009 : Afin de rejoindre l’Euro, la Grèce a falsifié ses comptes, elle est contrainte d’annoncer un déficit de 12,7% en octobre 2009. Les marchés financiers dégraderont la note de la Grèce, et fin 2010 le pays est contraint de demander l’aide internationale. Deux plans d’aide, un de  110 milliards d’euros en 2010 puis un deuxième de 130 milliards d’euros en 2012 seront mis en place en contrepartie de plans d’austérité drastiques. 9 plans d’austérité entre 2009 et 2016 seront finalement réalisés et donneront lieu à de nombreuses grèves et manifestations (20.000 le nombre de manifestations estimées entre 2008 et 2014)   

Conclusions

– La France est une économie ouverte qui commerce avec des partenaires Européens en majeure partie et partage la monnaie européenne, l’Euro.

– A ce jour, aucune théorie économique n’indique que l’on peut créer plus de richesse sans qu’il y ait une contrepartie. Dit autrement augmenter les déficits se paye tôt ou tard. Donc lorsque les politiques font des promesses de dépenses non financées, ou tout au moins que leur  crédibilité est remise en cause, les marchés financiers réagissent et demandent en contrepartie du risque une augmentation de leur rémunération, à savoir  les taux d’intérêt.

– Aujourd’hui, le « Spread de taux », c’est-à-dire l’écart de taux ente la France et l’Allemagne est en hausse  pour atteindre  0,7 points (0,7%) ce qui représente un cout supplémentaire de 21 milliards d’euros (0,7 x 3.100 milliards d’euros) pour la France par rapport à l’Allemagne pour autant que la dette ne continue pas d’augmenter indéfiniment, ou alors le coût supplémentaire de la dette continuera d’augmenter jusqu’à ce qu’un plan de rigueur soit mis en place. Car la dette de la France est détenue à hauteur de 50% par des investisseurs étrangers.

https://touteleurope.eu/economie -et-social/la-dette-publique-des-etats-de-l-union-europeenne/

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